Lectures critiques
Lectures critiques: Il s'agit de retenir des « thèmes » ou des « sujets » abordés par des lectures suggérées en classe (LIT2192-A2020).
Je retiens l'un des articles proposés sur l'un de ces thèmes suivants : le roman policier, la biographie, la diffraction, par exemple. Par la suite, j’y puise une référence (en note de bas de page ou en bibliographie) et parcourir ce texte. Dans ce dernier texte, je prends une autre référence (note ou bibliographie) et je parcours le texte.
Deux thèmes, trois références/textes par thème. Pour chacune de ces six références, j’explique un peu ce qui retient mon intérêt (dans l'absolu et dans la lignée de mon énoncé de motivation).
Thème 1 : roman policier
Référence 1 : Spehner, N. (2006). Splendeurs et misères : le cas du roman policier québécois. Québec français, (141), 32–34.
Ce qui retient mon intérêt : L’auteur retrace l’historicité des romans et des auteurs qui ont marqué l’évolution du roman policier au Québec. Les thèmes traités par Jean Jacques Pelletier dans ses romans (l'instrumentation des corps, les mafias organisées comme des multinationales, le fanatisme, le terrorisme, les machinations financières, etc.) reflètent la réalité d’aujourd’hui.
Référence 2 : Spehner, N. (2000). Le roman policier en Amérique française. Alire.
Ce qui retient mon intérêt : Dans ce livre, Spehner élabore une véritable guide de lecture analytique et critique des récits policiers et criminels publiés au Canada, en langue française, entre 1837 et juin 2000 (pour un total de 963 études sur le genre). Il parle du polar contemporain comme un genre qui a subi des transformations au fil du temps. Dans le passé, la structure d’un polar se basait pratiquement sur trois composants : crime, coupable et victime. Aujourd’hui, ce type de récit pose plutôt la question « comment ? ». Fini le jeu de la détection. On assiste à un mélange entre roman de mœurs, récit psychologique et même psychopathologique, roman d’aventures.
Référence 3 : Lemonde, A. (1984). Les femmes et le roman policier. Québec Amérique.
Ce qui retient mon intérêt : En 1984, une québécoise s’inquiétait pour la place des femmes dans l’univers du roman policier (comme lectrices, personnages et auteures). En parcourant le livre, j’ai remarqué que la plupart des auteures mentionnées proviennent des États-Unis d’Amérique et de l’Angleterre. Ce constat m’amène à conclure que les femmes québécoises étaient absentes sur cette scène. Mais aujourd’hui, on vit une autre réalité. Les femmes deviennent omniprésentes : Andrée A. Michaud, Catherine Sylvestre, Diane Vincent (son écriture est vivante et ses intrigues inattendues), Chrystine Brouillet, etc.
Thème 2 : l’autobiographie
Référence 1 : Daniel OSTER, « AUTOBIOGRAPHIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 28 novembre 2020. URL : http://www.universalis-edu.com.acces.bibl.ulaval.ca/encyclopedie/autobiographie/
Ce qui retient mon intérêt : À priori, saisir le sens de l’« autobiographie » serait une mission assez facile : auto (soi-même), bio (vie) et graphie (écrire). Donc, qui dit « autobiographie » implique un auteur qui raconte (narrateur) une histoire dont il est le personnage principal. Mais, dans cette lecture, j’ai découvert qu’il existe des écrits autobiographiques (Simone de Beauvoir) qui ne sont pas exclusivement des récits d’une vie individuelle. Les Mots de Sartre ne sont pas le récit d'une existence. Il y a une rupture du « pacte autobiographique » traditionnelle entre lecteur et auteur. Le je qui parle ne parle pas de toujours de lui.
Référence 2 : Lejeune, P. Signes de vie. Le pacte autobiographique 2, Seuil, 2005.
Ce qui retient mon intérêt : Phillipe Lejeune a beaucoup écrit sur l’autobiographie. À 62 ans (2005), il publie une deuxième version du livre « Le pacte autobiographique » dans lequel il donne une place de choix au journal intime souvent catalogué comme écriture d’adolescents. D’autre part, il prodigue des conseils pour enseigner l’autobiographie en contexte scolaire. Selon lui, une pédagogie de l’écriture autobiographique devrait être : réciproque, facultative, indirecte ou oblique, productive et collégiale. Je compte exploiter ces pistes dans ma pratique enseignante.
Référence 3 : Gaspirini, P. Est-il je ? Roman autobiographique et autofiction, Seuil, 2004.
Ce qui retient mon intérêt : L’auteur ne s’aventure pas dans une apologie du roman autobiographique au détriment de la fiction, et vice-versa. Il présente les caractéristiques que la critique a toujours attribué à chacun de ses genres : le roman étant fictionnel et l’autobiographie référentielle. Pour lui, le degré de véridicité des textes importe peu. « C’est la richesse rhétorique des procédés de double affichage [fiction/référence] qui devient, à l’intérieur de cette classe de récits, un critère de classement et d’appréciation. » Puis-je classifier automatique un roman comme autobiographique ou d’autofiction par le simple fait qu’il parle au « je » et que l’auteur prétend dire la vérité ?
Marc-Antoine Fleurisca
Étudiant à l'Université Laval, Québec. Canada. 2020
Banque d'exemples parlants chez Andrée Michaud et Dominique Fortier
Deux citations/exemples (en lien avec l'énoncé de motivation) tirés de ces quatre œuvres: Le drap blanc de Céline Huyghebaert, La société des grands fonds de Daniel Canty, Bondrée de Andrée A. Michaud et Les villes de papier de Dominique Fortier.
a) Les villes de papier de Dominique Fortier
Citation 1 : contemporain
Et puis, au fond, pourquoi appeler ces textes des poèmes s’ils sont écrits en prose?
C’est donc ça. En un éclair, Emily revoit une leçon de MRs. Lyon sur les rimes riches, les rimes parfaites, les rimes plates. Cat, hat. Fish, dish. Love, dove. Quelles bêtises. p. 135
Justification du choix de la citation :
Sur le fond : cette citation constitue une apologie de la poésie contemporaine qui privilégie l’écriture de poèmes en prose.
Sur la forme : Prenons la phrase suivante : « C’est donc ça. » Les amateurs d’assonances, d’allitérations et de métaphores rocambolesques la trouveraient dépourvue de toute beauté et de valeur littéraire (phrase à présentatif, utilisation d'un mot passepartout).
b) Bondrée de Andrée A. Michaud
Citation 1 : monde contemporain
…puis il s’était levé en disant à Larue de bien surveiller les gamines. Don’t let them grow old too fast, avait-il ajouté en serrant la main de Larue, qui avait eu envie de lui demander à ce moment s’il avait aussi une fille, ainsi qu’il l’avait supposé, mais il s’était abstenu. p. 115
Justification du choix de la citation:
Une nouvelle tendance se dessine dans les récits littéraires contemporains : les petites phrases ou mots clés cités en anglais ne s’écrivent pas en italiques. Dans ce cas, la phrase n’a même pas été traduite en français. L'histoire se déroule dans une zone frontalière (Québec/USA) où des résidents francophones habitent au milieu des anglophones. Même si l’histoire est racontée en français, le lecteur accepte sans problème la présence de petites phrases en anglais. En fait, c'est une question de vraisemblance.
Citation 2: traditionnel
La jambe indemne était couverte de sang, les cuisses aussi, qui s’opposaient à la blancheur laiteuse de la poitrine. Mordecai Steiner était habitué à ces tableaux d’horreur aux couleurs contrastés qui lui rappelaient les toiles sanguinolentes de Francis Bacon, dans lesquelles se résumaient pour lui la vulnérabilité de la chair au regard de la violence de l’esprit, la putrescence sans cesse imminente du vivant, mais il craignait toujours que le corps de jeunes lui révèle des blessures témoignant de la violation de l’être entier par la violation de parties intimes que la nature aurait dû créer férocement inviolables, à l’image de l’homme. p. 186
Justification du choix de la citation:
Une phrase de 102 mots! C’est comme si on lisait « Du côté de chez Swann » ou « La Recherche du Temps Perdu » de Marcel Proust. La longueur des phrases et les nombreuses descriptions obligent le lecteur à se mettre pour de bon dans la lecture. Aujourd’hui, les correcteurs de style, les enseignants et professeurs recommandent au public en général et aux écrivains de développer une seule idée par phrase et de faire des phrases courtes.
Marc-Antoine Fleurisca
Étudiant à l'Université Laval, Québec. Canada. 2020
Banque d'exemples parlants chez Huyghebaert et Canty
Deux citations/exemples (en lien avec l'énoncé de motivation) tirés de ces quatre œuvres: Le drap blanc de Céline Huyghebaert, La société des grands fonds de Daniel Canty, Bondrée de Andrée A. Michaud et Les villes de papier de Dominique Fortier. |
a) Le drap blanc de Céline Huyghebaert
Citation 1 : contemporain
Justification du choix de la citation:
Le vocabulaire utilisé est propre du XXIe siècle: un mec, cool, sympa, conneries. Il a fallu attendre l'arrivée des auteurs comme Louis-Ferdinand Céline, Louis Aragon, Raymond Queneau et même Jean-Paul Sartre pour voir l'utilisation fréquent du mot « con » dans la littérature. Dans les pays francophones, l'usage du mot « conneries » ne scandalise personne aujourd'hui.
J'identifie des formes de phrases non verbales: pas vraiment, un mec sympa. On n'est pas dans un registre soutenu.
Citation 2 : traditionnel
Justification du choix de la citation:
Huyghebaert s'éloigne du langage du commun des mortels. Elle emploie des formes imagées (visites elliptiques) pour expliquer ce qu'elle observait dans la chambre mortuaire.
b) La société des grands fonds de Daniel Canty
Citation 1 : traditionnel
Justification du choix de la citation:
Cette citation peut être placée parfaitement dans un écrit de Gustave Flaubert ou de Honoré de Balzac sans qu’un lecteur avisé s’en aperçoive. Il m’a fallu ouvrir Antidote et le Multi Dictionnaire de la langue française pour m’assurer du sens de plusieurs mots (naïades, mue, pestilentiel).
Citation 2 : contemporain
Justification du choix de la citation:
Nous voici devant une cascade de phrases à présentatif. Normalement, à l'oral, l'usage des présentatifs (c'est, il y a, voici, voilà) est très fréquent. La Logique de Port-Royal (grammaire qui, pendant longtemps, avait force de loi) condamnait l'usage des présentatifs. L’auteure présente une longue énumération d’objets, d’animaux et de personnes en faisant fi non seulement de la longueur des phrases, mais aussi de la manière de s’exprimer.
Marc-Antoine Fleurisca
Étudiant à l'Université Laval, Québec. Canada. 2020